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Mijo Gomez, JL Jalla

Scutellinia umbrorum (Fr.) Lambotte (affine)


Quelle sécheresse ce mois de mai! Le 29 mai 2017 et après pas mal de kilomètres, Jean-Jacques, Jean-Louis et moi-même avons enfin trouvé quelques ascomycètes dans un ruisseau presque à sec coupant une piste de terre aux environs de Darnius, dans la comarque de l'Alt Empordà (Catalogne). Sur un tronc pourrissant en partie immergé, nous avons récolté deux groupes de Scutellinia suffisamment dissemblables pour laisser penser, sur le terrain, que nous avions à faire à deux espèces différentes. Un premier groupe d'apothécies orangées fragiles et sessiles, légèrement cupulées à aplaties ne dépassant pas 8 mm de diamètre et bordées de poils bruns. Sur l'autre face du tronc, un groupe d'apothécies d'un rouge plus soutenu, sessiles et plutôt aplaties. Les poils examinés à la loupe semblent plus courts.

La microscopie a mis fin à nos doutes, il s'agit d'une seule et même espèce. Même si ce n'est pas tout à fait aussi simple.

Description micro :

Asque 260x20 µm avec des spores largement ellipsoïdales (Q=1,3 à 1,4) de taille moyenne Me = 19,3 × 14,2 µm. Les ornementations en verrues hémisphériques sont réparties sur l'ensemble de la spore.

Les poils septés entre 300 à 530 µm ont le plus souvent une base simple , parfois double et rarement triple.

Reconnaître sur le terrain une Scutellinia est chose facile pour un mycologue. A condition d'en rester au genre. Aller plus loin est par contre une toute autre affaire ! Rien que pour l’Europe, la clé de Trond Schumacher recense 45 espèces. Si certaines espèces ne posent pas (trop) de problèmes de détermination, certains groupes - à spores ellipsoïdales et ornées de grosses verrues hémisphériques - sont particulièrement difficiles à cerner.

Les spécialistes s’y perdent. Il suffit de lire leurs discussions sur les divers forums dédiés aux ascomycètes (Ascofrance par exemple)... Nicolas Van Vooren écrit au sujet de Scutellinia umbrorum « les limites taxinomiques ne sont pas évidentes à cerner, en fonction des interprétations des auteurs ». (Cahier de la FMBDS - N°4, pages 84-85). Il est bien possible que sous ce taxon se cachent plusieurs espèces, les travaux futurs des spécialistes du genre ne manqueront pas d'en préciser les limites. La biologie moléculaire peut y aider… Mais il se peut aussi qu’il s’agisse d’une espèce dont la plasticité et la variabilité sont suffisamment importantes pour donner des formes différentes (surtout au niveau microscopique). Dans ce cas, il sera bien difficile de les séparer en plusieurs espèces tant un continuum relie des caractères ayant une infime différence entre deux individus proches, mais les extrêmes étant assez différents.

Bibliographie : Breitenbach, J. & Kränzlin F., 1984. - Champignons de Suisse. Tome 1, Les ascomycètes. 2nde éd. corr. Lucerne, Mykologia, 310 p. Paal, J., Kullman, B., Huijser, H.A., 1998. - Multivariate analysis of the Scutellinia umbrorum complex (Pezizales, Ascomycetes) from five ecotopes in the Netherlands. Persoonia, 16 (4), p. 491-512 Medardi G., 2006. - Atlante fotografico degli ascomiceti d’Italia. Trento, Ass. Mycol. Bresadola, 454 p. Moravec, J, 1971. - Some operculate Discomycetes from the park in Ilidža near Sarajevo (Jugoslavia). Česká Mykologie, 25 (4), p. 197-202. Schumacher, T., 1990. - The genus Scutellinia (Pyrenomataceae). Opera Botanica, 101, p. 1-107. Van Vooren, N., 2014. - Contribution à la connaissance des Pézizales (Ascomycota) de Rhône-Alpes. 2e partie. Fédération Mycologique et Botanique Dauphiné-Savoie, 172p.​

(photos Mijo)


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