Résumé. Première récolte dans les Pyrénées-Orientales d’Eocronartium muscicola (Pers.) Fitzp., hétérobasidiomycète parasite de diverses mousses. Trouvé dans de nombreux pays d’Europe, il semble plus commun dans les pays du nord et rare dans les pays méditerranéens
Abstract. First harvest of Eocronartium muscicola (Pers.) Fitzp. in the Pyrénées-Orientales (South of France), a heterobasidiomycete parasite of various mosses. Found in many European countries, it seems more common in northern countries and rare in Mediterranean countries.
Resum. Primera recolta d’Eocronartium muscicola (Pers.) Fitzp. a Catalunya Nord (departament dels Pirineus orientals, França), un heterobasidiomycet paràsit de vàries molses. Trobat a nombrosos països europeus sembla més comú als països nòrdics i rar a la zona mediterrània.
La Réserve Naturelle du Mas Larrieu s’étend sur 145 ha de part et d’autre du fleuve côtier Le Tech, sur le territoire des communes d’Elne et d’Argelès-sur-Mer (département des Pyrénées Orientales, Sud de France). La façade maritime, sur le domaine public maritime, s’étend de l’ancien lit du Tech, (avant l’aiguat de 1940, au Nord) au grau de la Riberette (au Sud).
Le climat est de type méditerranéen, subhumide avec une pluviométrie moyenne de 700 mm, supérieure à celle de l’ensemble de la plaine roussillonnaise. La température moyenne annuelle est de 15°C, mais est sujette à de grandes amplitudes.
En été, les plages qui bordent la méditerranée sont envahies par les touristes, mais l’arrière dune et la ripisylve sont relativement bien protégées du piétinement par les « ganivelles » et autres chemins de circulation canalisée, installés et entretenus par la réserve.
Le sous-sol est constitué de couches de pliocène de l’ancien golfe du Roussillon. Le sol est fourni par les alluvions quaternaires du littoral, recouvertes par les alluvions limoneuses récentes issues des débordements du Tech.
Le Site : plages, roselières et forêts riveraines. Les plages sont composées de sable nu, puis de dunes mobiles de faible hauteur colonisées par le chiendent des sables, l’oyat, le panicaut maritime, l’euphorbe des rivages, le liseron des sables ou différentes variétés de lis de mer qui recouvrent 20 à 40 % de la surface. En arrière se trouvent les dunes plates fixées sur lesquelles dominent l’oursin bleu (Echinops ritro) et le raisin de mer (Ephedra distachya).
Habitats Corine Biotopes:
- 16.22 Dunes Grises et
- 16.229 Pelouses Dunaires Méditerranéennes Xériques.
De nombreux macromycètes y ont été recensés (plus de 200 espèces actuellement, essentiellement grâce au travail de Gilles Corriol et Carole Hannoire du CBNMP (Conservatoire Botanique National des Pyrénées et de Midi-Pyrénées) ainsi que nos participations personnelles).
Eocronartium muscicola (Pers.) Fitzp.
Découvert par Mijo Gomez le 18/11/2019, dans la Réserve Naturelle Nationale du Mas Larrieu, Argelès-sur-Mer. Arrière dune, en bordure d’un terrain de camping, sur terrain moussu, altitude 2.5 m environ, coordonnées: 42.578989 , 3.043447, à environ 200 mètres du rivage.
Le champignon parasite une mousse, ici Rhynchostegium megapolitanum (Blandow ex. F. Weber & D. Mohr) Schimp. Il empêche la mousse de se développer en bloquant son mécanisme de reproduction sexuée. Cette stratégie du parasite est nommée castration parasitaire.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Les exemplaires ont été photographiés avec un appareil Nikon D7500. L’étude microscopique a été réalisée avec un microscope Leitz Orthoplan équipé d’objectifs 10, 25, 40 et 100X, surmonté d’un APN Nikon D300, l’ensemble utilisé avec le logiciel DigiCamControl, Pour les différentes préparations microscopiques, les réactifs suivants ont été utilisés: eau, rouge Congo. Les dimensions des éléments microscopiques ont été mesurées à l’aide du logiciel de mesure Piximètre (Henriot & Cheype, 2016). Les échantillons sont conservés dans l’herbier d’un des auteurs (MJG).
Synonymes: Clavaria muscicola Pers., Observ. mycol. (Lipsiae) 2: 60 (1800) [1799] Clavariamuscigena P. Karst., Not. Sällsk. Fauna et Fl. Fenn. Förh. 9: 373 (1868) Clavaria uncialis subsp. muscigena (P. Karst.) Sacc., Syll. fung. (Abellini) 6: 730 (1888) Eocronartium muscigena (P. Karst.) Höhn., Sber. Akad. Wiss. Wien, Math.-naturw. Kl., Abt. 1 118: 1463 (1909) Eocronartium typhuloides G.F. Atk., J. Mycol. 8(3): 107 (1902) Helicobasidium typhuloides (G.F. Atk.) Pat., Bull. Soc. mycol. Fr. 36: 176 (1920) Helicobasidium typhuloides var. orientale Pat., Bull. Soc. mycol. Fr. 36: 176 (1920) Pistillaria muscicola (Pers.) Fr., Syst. mycol. (Lundae) 1: 498 (1821) Typhula muscicola (Pers.) Fr., Epicr. syst. mycol. (Upsaliae): 585 (1838) [1836-1838]
DESCRIPTION
Se présente comme un petit « Thyphula », blanc crème, avec une tendance à brunir au fil du temps. Il mesure de 4 à 6 mm, pour un diamètre de 0,5 à 1 mm.
L’étude microscopique montre des spores arquées, en fuseau, hyalines mesurant de 25 - 30 x 4,5 - 5,5 µm.
Les basides ne portent qu’une spore. Pas de cloisons observées bien qu'elles en aient entre probaside et métabaside (Boehm & McLaughlin, 2018)
COMMENTAIRES
Ce champignon semble rare, mais sa petite taille, et son écologie particulière (parmi les mousses) peuvent expliquer qu’il soit rarement recensé par les mycologues. En France, Nous ne trouvons trace que de trois récoltes, dont celle de G. Sulmont, 1968 à Croixrault (F-80290) sur Eurhynchium praelongum et celle de Le Grand-Lemps en 2001 (F-38690).
Connu aussi bien du nord de l’Europe, du nord des Etats Unis que de l’Amérique du sud et de l’Asie tempéré ce champignon semble préférer les endroits frais. En Europe, il est davantage connu des pays du nord et avant celle-ci, la récolte la plus au sud était en Savoie.
Il est signalé comme parasite d’une vingtaine d’espèces de mousses différentes, mais Rhynchostegium megapolitanum (Blandow ex F.Weber & D.Mohr) Schimp. est un nouveau substrat.
Pas très commune, cette bryophyte est justement signalée dans la réserve du Mas Larrieu (Hugonnot, 2017). Petite et polymorphe, cette mousse forme des tapis brillants et denses de couleur vert olive sur les roches ombragées et humides, ainsi qu’à la base des arbres de la plaine jusqu’à l’étage montagnard (Casas, Bruguès et Cros, 2001).
A propos de la position taxonomique d’Eocronartium muscicola, Boehm & McLaughlin (1988) du Département de phytopathologie, Université du Minnesota écrivent:
Cette étude prend pour hypothèse que Eocronartium muscicola est un hétérobasidiomycète parasite de bryophytes, et occupe une position taxonomique particulière entre les Urédinales et les Auriculariales phytoparasites, et qu’il s’attaque à des hôtes archaïques.
Nombreux sont les auteurs qui, depuis la publication de cette hypothèse, pensent que ce champignon est une espèce qui représente le complexe ancestral qui a donné naissance aux Urédinales.
On a beaucoup insisté sur le rapport entre l'âge de l'hôte et l'âge du parasite, sans doute parce que l'entrée initiale et l'établissement du parasite se produit tôt dans l'évolution de l'hôte, à une époque de grande plasticité génétique. Les basides ont une seule cloison (entre probaside et métabaside) et parasitent des mousses. Eocronartium et Jola ont toujours occupés une position de base dans la phylogénie des Heterobasidiomycetes due, principalement, à l'antiquité phylogénétique présumée du groupe hôte.
SUITE ET FIN?
Pour compléter cet article nous voulions le retrouver. En 2020, à cause des divers confinements nous n'avons pas pu aller au Mas Larrieu. Enfin, au début 2021 nous y sommes retournés et nous avons constaté que la station de la mousse Rhynchostegium megapolitanum (peu commune) et d'Eocronartium muscicola (rare) avait disparu sous les assauts de la pelleteuse du camping voisin.
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