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JL Jalla, Mijo Gomez

Coniophora puteana presque aussi dangereuse que la Mérule

Dernière mise à jour : 17 avr. 2022


Dans une maison d'habitation l’eau s'est infiltrée au niveau de la baignoire de la salle de bains du premier étage, l'eau a ruisselé, traversé le carrelage et le plancher et coulé sur des étagères du rez-de-chaussée.

Le flocage du plafond s’est répandu à terre et les étagères sont maintenant envahies par un champignon formant des filaments bruns et noirs. (photos ci-dessous)

Coniophora puteana

Le champignon responsable est : Coniophora puteana (Schumach.) P. Karst.

Coniophora puteana, en français Coniophore des caves est signalé dans les caves et autres endroits très humides. Il est très « destructeur ».

C’est un champignon lignivore. Il s’attaque aux essences de bois feuillus et résineux dans les habitations. Son pouvoir dévastateur est moins redoutable que la Mérule considérée comme la lèpre du bâtiment et avec lequel le Coniophore des caves peut être confondu. Mais les dégâts causés dans un bâtiment peuvent être importants.

La condition idéale pour le développement du Coniophora puteana est une humidité importante dans les bois d’œuvre et les endroits confinés. Il se propage dans l'obscurité des pièces non ventilées et très humides. Un taux d’humidité de 35 à 50% étant nécessaire pour son développement, il apparaît souvent à la suite de dégâts des eaux. La Mérule préfère un taux d’humidité moindre, de 20 à 30%.

Ses filaments mycéliens sont blancs au niveau du mycélium, puis brun foncé, et finalement noirs. On peut le repérer sur le bois grâce à son mycélium épais, cotonneux, blanchâtre, puis ses longs filaments bruns à noirs.

Les Coniophores au même titre que la Mérule causent une altération immédiate du bois dans lequel ils se développent.

Ces champignons causent une pourriture cubique active. Le bois se colore en brun et se clive selon les trois plans orthogonaux et forme des petits cubes plus ou moins réguliers. Le bois perd sa dureté, sa résistance mécanique et plus de la moitié de son poids. Il se dessèche, se rétrécit et se fracture transversalement et longitudinalement jusqu’à se fragmenter en morceaux rectangulaires cubiques

Nous n’avons pas trouvé de carpophores. Cette espèce se trouve généralement à l’état stérile, les fructifications (carpophores) étant assez rares.

Hyphes de Coniophora puteana (Schumach.) P. Karst., examinées dans le Chloral hydraté-Phénol-Acide Lactique, avec microscope LEITZ ORTHOPLAN. Grossissement x100

Toujours dans le garage nous avons trouvé un autre champignon : Coprinellus domesticus (Bolton) Vilgalys, Hopple & Jacq. Johnson.

Cette espèce pousse dans les mêmes lieux que Coniophora puteana. Mais ce coprin n’est pas dangereux pour les habitations.

Coprinellus domesticus

Coniophora puteana est un champignon très dangereux pour les bois d’œuvre des bâtiments. Il ne reste plus qu'à détruire les étagères en bois, réparer les fuites et ventiler les locaux sous peine de reprise de l’infection.

Il faudra surveiller ce local pendant plusieurs mois après traitement pour éviter une réinfestation. De plus, la présence de champignons dans les bois de charpente permet l’apparition d’insectes xylophages.

Bibliographie :

Bernicchia A., Perez Gorjon S. (2010). - Corticiaceae s.l. Alassio, Candusso, 1008 p. (p.226 ; 809-810)

Bourdot, H. et Galzin, A. (1928). - Hyménomycètes de France : Hétérobasidiés. Homobasidiés gymnocarpes. Paris, P. Lechevalier. 762 p. (N°579 (Coniophora cerebella)

Breitenbach, J. & Kränzlin F., 1986. - Champignons de Suisse : contribution à la connaissance de la flore fongique de Suisse. Tome 2, Champignons sans lames. 2nde éd. Lucerne, Mykologia, 411 p. (n°238)

Fraiture, A. (2008). - Introduction à la mycologie domestique : les champignons qui croissent dans les maisons. Revue du Cercle de Mycologie, 8, p. 25-56. [Disponible en ligne : http://www.cercle-myco-bruxelles.be/Publications/08/Mycologie%20domestique.pdf

Hallenberg, N. (1985). - The Lachnocladiaceae and Coniophoraceae North Europe. Oslo, Fungiflora, 96 p. (Pages 70-71)

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