Dans le monde, le genre Septobasidium compte environ 300 espèces, la plupart tropicales ou subtropicales. En Europe, on n'en connait que 7 ou 8 espèces de ces champignons.
Ils ressemblent à des lichens et avaient été classés longtemps comme tels. En Pays catalan, on en trouve facilement deux espèces : Septobasidium orbiculare (Durieu & Lév.) Donk et Septobasidium quercinum (Bagl.) Sacc. Ce sont des espèces typiquement méditerranéennes, présentes en Grèce, Italie, Espagne (Mallorca), France.
S. orbiculare est fréquent sur le Laurier-sauce (Laurus nobilis) et S. quercinum sur Chêne vert (Quercus ilex) appelé ici Alzine.
Tous ces champignons vivent en association avec des cochenilles : on ne les rencontre jamais sans elles. C'est en 1907 que Höhnel & Litschauer ont signalé cette caractéristique, suggérant une relation entre ces deux organismes vivants.
Lorsque vient le printemps et les premières pluies, le champignon grandit. On le voit à sa marge qui s'éclaircit. C'est à cette période que les cochenilles donnent naissance aux jeunes insectes qui circulent librement entre les piliers et tunnels sous la carapace du champignon.
Il sert d’abri à des colonies de cochenilles rouges (Coccoidea), qu'il fait "travailler" pour en extraire leur nourriture. Le champignon fournit des loges à la colonie de cochenilles où elles peuvent s'abriter et vivre à l'abri des rigueurs de l'hiver, de la sécheresse ou des prédateurs comme les oiseaux, les guêpes ou les coccinelles.
En contrepartie il en capture un certain nombre qu’il entoure de filaments mycéliens, il pénètre même dans ses tissus pour prendre certaines substances que les cochenilles ont "sucées" à l’arbre par de longs appendices.
Les insectes sortent parfois à la surface du du Septobasidium et c'est là qu'ils pourront être infectées. Ce sont eux qui transporteront les spores vers les arbres voisins où le champignon pourra s'installer.
Si les Cordyceps tuent les insectes qu'ils parasitent, ici, par contre les cochenilles ne meurent pas. Elles sont plus petites que les insectes sains, elles sont stériles mais vivent plus longtemps
Sur le laurier sauce, Septobasidium orbiculare, (une espèce qui ne construit pas de piliers) est associé à l'insecte Aonidia lauri. Cette cochenille est un petit insecte de 0,7 mm de long, rouge vif. (en photo au-dessus)
Au tout début du mois d'avril, en soulevant la carapace du champignon, nous avons pu photographier les larves :
Certains parlent de parasitisme, voir de phyto-parasitisme, d’autres de symbiose. Tout dépend de la définition que l’on donne à chaque terme… Les cochenilles savent vivre sans le champignon, alors que les septobasidium ne peuvent se passer des cochenilles !
Baside et probaside de S. quercinum
Les deux espèces ci-dessus provoquent des dégâts mineurs aux arbres parasités.
On notera que ni Bourdot & Galzin en 1928, ni Jülich en 1989 ne font état de cette curieuse "association" avec un insecte, caractéristique qui signe maintenant le genre Septobasidium.
Tous classés comme entomopathogènes.
Les dessins sont extraits de l'article de René-Charles Azéma.
Bibliographie.
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BOURDOT H. & GALZIN A., 1928.- Hyménomycètes de France : Hétérobasidiés, Homobasidiés gymnocarpes. Paris, P. Lechevalier, 761 p.
CHADEFAUD M. & EMBERGER L., 1960.- Traité de botanique suystématique. Tome I. Les végétaux non vasculaires. Cryptogamie. Paris, Masson & Cie, 1018 p.
JÜLICH W., 1989.- Aphyllophorales, Heterobasidiomycetes, Gasteromycetes. Guida alla Determinazione dei Funghi, Vol. 2. Trento : Arti Grafiche Saturnia, 597 p.
COUCH J.N., 1931. The Biological Relationship between Septobasidium retiforme (B. & C.) Pat. and Aspidiotus osborni New. and Ckll. Journal of Cell Science, s2-74, p. 383-438.
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