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JL Jalla, Mijo Gomez

Gymnopilus suberis et réchauffement climatique?

Dernière mise à jour : 2 janv. 2022

Les Gymnopiles sont en générale lignicoles et de dimensions petites à moyennes sauf le remarquable Gymnopilus spectabilis (syn. Gymnopilus junonius) qui peut atteindre les 20 cm de diamètre. Un chapeau non visqueux, une sporée brun rouille et des spores verruqueuses complètent ce portrait rapide.

Ils poussent sur le bois mort et s'ils ont une préférence marquée pour les conifères, Gymnopilus suberis a un penchant, lui, pour les chênes-lièges.

Kühner et Romagnesi dans la Flore analytique des champignons supérieurs précisaient que cette espèce méridionale n'était jusqu'ici connue seulement d'Afrique du Nord et de Catalogne. La Flore analytique que j'ai consultée, troisième tirage de la première édition étant datée de 1978.

Il est donc tout à fait dans son habitat dans les Albères où l'a découvert Cécilia Fridlender, le 10/05/2020.

Ce champignon méditerranéen, n'est pas fréquent mais se retrouve sur toute la zone de distribution de Quercus suber : décrit d'Algérie par René Maire en 1928, connu aussi du Maroc, de Catalogne, d'Espagne, du Portugal, d'Italie, du sud de France.


Gymnopilus suberis (Maire) Singer

Laroque-des-Albères (F-66740). UTM 42.516077, 2.94984. Altitude : 158 m.

Sur une grosse branche, de Quercus ilex, à terre, dans un bois mêlé Quercus suber – Quercus ilex. Chapeau 10 cm de diamètre environ, jaune orangé, lames idem et tachées de rouille. Stipe court, courbé, fort (18 mm de diamètre) orné d’un anneau cortiforme plus foncé, mais vite disparu.





Sporée rouille en masse, spores arrondies, sans pore germinatif, ponctuées, dextrinoïdes.

Mesures des spores : 6,7 - 8,3 × 3,7 - 4,6 µm. Q = 1,6 - 2,0

Cheilocystides lagéniformes capitées, débordant assez peu au-dessus des basides.




Guillaume Eyssartier dans son livre Champignons, tout savoir sur la mycologie mentionne des gymnopiles thermophiles communs dans les pays tropicaux et qui deviennent plus fréquents en Europe peut-être à la faveur du réchauffement climatique.

Et bien notre Gymnopilus méditerranéen se retrouve, lui, en Tchéquie. Bien loin de nos chênes lièges. Il est signalé pour la première fois en 1993 qui est l'année suivant la première des 5 années les plus chaudes depuis 1947. Revu ensuite en 1997, 2001, 2004 et 2005, c'est à partir de 2009 qu'il est récolté chaque année en lien avec une augmentation des températures relevées là-bas.

Par contre à Oblík hill, en Bohème, cette zone de Tchéquie visitée régulièrement par des mycologues. il ne pousse pas sur les chênes lièges mais sur des branches mortes tombées et en décomposition de Cerisiers cultivés (Prunus avium).


Bibliographie :


Eyssartier, G. , 2018. - Champignons : tout ce qu'il faut savoir en mycologie. Paris, Belin, 303 p.



Kühner K. & Romagnesi H. 1978. Flore analytique des champignons supérieurs (Agarics, Bolets, Chanterelles). Première édition, troisième tirage. Paris, Masson, 556 p.


Roux, P., 2006. - Mille et un champignons. P. Roux, Sainte-Sigolène, 1224 p.



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